mardi 18 juin 2013

L'écume des jours, Boris Vian (extrait Wikipédia)

Le lecteur ouvrant ce roman est directement confronté au jeu des inversions : dans un univers absurde, qui imite l'univers du rêve et des plus étranges, le narrateur présente un personnage particulièrement banal et indéfini.
Le roman est centré sur le personnage de Colin, qui « possède une fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres » ; un ami nommé Chick, qui ne dispose pas de cette chance, puisque, étant ingénieur, il est très pauvre (contrairement aux ouvriers). Le troisième personnage masculin est le cuisinier de Colin, Nicolas. Ce dernier va collectionner les aventures tout en restant aveugle face à l'amour d'Isis, une amie d'Alise et Chloé.
Un jour, Chick fait la connaissance d'une fille, Alise, qui est parente de Nicolas. Colin, jaloux, désire lui aussi connaître une fille, et tombe amoureux de Chloé lors d'une fête. Il se marie avec elle et donne une partie de son argent à Chick pour qu’il épouse Alise. Chloé tombe malade :  un nénuphar  pousse dans son poumon droit. Pour la guérir, Colin doit lui acheter des fleurs, l’envoyer à la montagne et ne lui faire boire que deux cuillères d'eau par jour. Quand elle revient, le nénuphar n’est plus là, mais elle ne peut utiliser maintenant qu'un seul poumon. Colin doit chercher un travail pour acheter des fleurs, quand Chloé tombe de nouveau malade, de l’autre poumon.
Leur maison rapetisse progressivement et devient chaque jour plus triste et obscure, malgré les efforts de leur petite souris grise à moustaches noires pour nettoyer les carreaux et laisser passer les rayons de soleil.
Comme Chick aime Jean-Sol Partre plus qu’Alise, celle-ci tue le philosophe avec un arrache-cœur  et brûle les librairies proches de chez elle, mais elle meurt dans les flammes. Pendant ce temps, la police tue Chick parce qu’il ne paye pas ses impôts.
Lorsque Chloé est emportée par la maladie, Colin est ruiné. Comme il ne peut payer le prix fort, les religieux ridiculisent l'enterrement. La souris cherche à mourir entre les crocs d'un chat, car elle ne supporte plus de voir Colin si triste. Ce dernier semble se laisser mourir de chagrin.

Dans son avant-propos, Boris Vian essaie d'intriguer le lecteur au moyen de leçons de vie contradictoires avec celles que l'on nous apprend habituellement. Par exemple, dès la première phrase, l'auteur nous conseille de juger avant de connaître. Vian introduit le surréel de l'histoire en indiquant qu'elle « est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre ». Il a également écrit que l'écume des jours est « l'écume dorée, tremblante et fragile de nos jours sensuels et menacés qui s'enfuient ».

On entre dans la vie de Colin sur une scène de sa toilette matinale. Globalement, le livre ne dispense que très peu d'indications physiques sur Colin. Dès les premiers passages, le lecteur découvre un monde fictif basé sur des lois qui lui sont propres, et qui nous sont inconnues. On peut donc y voir Colin « se tailler les paupières en biseaux » ou « percer un trou au fond de son bain » sans que cela ne semble fantastique, irréaliste, quand intégré au monde de l’Écume des jours. On ignore son patronyme, sa généalogie, la ville dans laquelle il habite, et l'année au cours de laquelle débute l'histoire. De nombreux éléments de l'environnement se voient personnifiés, et agissent de façon littérale vis-à-vis des expressions françaises utilisées, que ce soit par l'auteur ou les personnages. L'auteur installe l'anthropomorphisme avec le tapis qui se met à baver. Boris Vian a fait du héros un personnage normal, à qui tout le monde peut s'identifier. D'emblée, Boris Vian décrit le style d'univers du roman : surréaliste, aux codes différents des nôtres, mais dans lequel les personnages agissent de manière cohérente.

Les noms de famille des personnages ne sont pas mentionnés, sauf celui d'Isis. Ils vivent avec des personnes de leur génération, dans un cercle d'amis (Nicolas, le cuisinier, deviendra ami avec Colin). Seuls Alise et Nicolas font partie de la même famille.
Colin : C'est un jeune homme aisé qui aime le jazz et l’amour et qui déteste la violence et le travail. « Il avait la tête ronde, les oreilles petites, le nez droit, le teint doré ». Il désire l'amour et le trouve en la personne de Chloé, un amour fou qui lui fera perdre tout ce qu'il a de plus cher. La maladie de Chloé l'obligera à travailler pour la première fois de sa vie : son premier emploi consiste à faire pousser des fusils, le second à surveiller une réserve d'or et le dernier à annoncer les malheurs la veille de leur arrivée. C'est au cours de ce dernier qu'il apprendra la mort de Chloé.
Chloé : Elle incarne la beauté et la féminité. Elle est la femme parfaite pour Colin, jeune, jolie, douce et attirante, mais fragile. Son nom provient d’un morceau arrangé par Duke Ellington de la chanson appelée Chloe (Song of the Swamp) — soit « Chloé — la chanson du marais ». Elle mourra d'un nénuphar dans les poumons.
Chick : Il est le meilleur ami de Colin, et passionné et fou de la philosophie de Jean-Sol Partre (Jean-Paul Sartre) même s'il ne comprend rien. C’est pour les oeuvres de Partre qu’il se ruinera, et celles-ci seront sa priorité la plupart du temps. Contrairement à Colin, il doit travailler pour vivre. Il est le petit ami d’Alise, mais il lui préfère Partre. Son nom a comme celui de Chloé un rapport avec le jazz, et constitue une anecdote personnelle de Vian. Il est le double inversé de Colin.
Alise : Elle est une jeune femme sentimentale et aimable. Elle est passionnément amoureuse de Chick et pleine de compassion pour Chloé, mais se rend compte parfois que sa vie aurait été plus simple si elle avait épousé Colin. Elle souhaiterait que Chick la demande en mariage. Sa passion pour lui la poussera donc au meurtre et à sa perte.
Nicolas : Il est le cousin d’Alise et le cuisinier de Colin, disciple de Jules Gouffé. Il ne fait pas partie de la même classe sociale que les autres personnages. Il est en même temps un ami fidèle de Colin. Il a un comportement libertin et ne remarquera pas l'attention d'Isis à son égard.
Isis : Elle est issue de la haute bourgeoisie et la seule à avoir une famille. Elle est amoureuse de Nicolas, même si ce dernier ne le remarque pas. Elle est la seule à posséder un patronyme : de Ponteauzanne.
La souris grise à moustaches noires : elle habite chez Colin. Au fur et à mesure que la maison rétrécira et deviendra de plus en plus obscure (elle s'assombrit et rétrécit en fonction des pensées et de l'humeur de Colin), elle essaiera de la rendre aussi lumineuse qu'au début de l'histoire. Mais elle échoue dans sa lutte inégale, et finit par se suicider sous les crocs d'un chat. Amie proche tant de Colin que de Chloé, leur malheur est très partagé.
Des trois couples, seul le couple qui se contente d'une relation charnelle survit (à savoir Nicolas et Isis). Dès lors que l'on cesse de ne s'occuper que de soi, on trouve le malheur dans ses relations à l'autre.

L'amour : De nombreuses formes d'amour sont présentes dans ce livre, l'amour fou entre Colin et Chloé, l'amour impossible entre Chick et Alise et l'amour physique entre Nicolas et Isis. Dans le cas de Chick et Alise et dans celui de Colin et Chloé il s'agit d'un amour malheureux ; dans l'un naît un acte désespéré et dans l'autre, la mort.
Le monde du travail : Boris Vian dénonce dans cette œuvre les conditions de travail inhumaines. Chaque personne employée est ramenée au rang d'une machine.
La musique : Le jazz est omniprésent tout le long du roman. Il y a de nombreuses références aux musiciens et compositions de jazz. Par exemple, le nom de Chloé provient de l'arrangement de Duke Ellington intitulé « Chloé ».
La religion : Vian critique la religion à travers un mariage et un enterrement. Pendant le mariage, l'église est présentée comme avide d'argent. Le curé se réjouit de la mort du chef d'orchestre, comme il n'aura ainsi pas à payer les autres musiciens. L'enterrement est l'opposé du mariage, car Colin n'a alors plus d'argent. On jette le cercueil par la fenêtre, les deux porteurs sont sales, le conducteur chante à tue-tête, le Chuiche, le Bedon et le curé font une courte apparition sans avoir pris la peine de s'habiller correctement, lapident Colin, le cercueil est balancé dans la fosse. Le Christ, dans l'église, s'anime et demande à Colin pourquoi il n'a pas donné plus d'argent pour l'enterrement.
Le marécage : Le mot « écume » dans le titre de ce roman symbolise la mousse et l'humidité dans la dernière moitié du livre, où il y a beaucoup de références au marécage. L'appartement de Colin semble se transformer en marécage (les pas de Colin font des bruits mouillés et pâteux). On retrouve l'ambiance humide des bayous de la Louisiane, berceau du jazz qu'aime Vian.
La maladie : Chloé est le personnage le plus affecté par la maladie, car c'est elle qui la porte. Tous les autres personnages sont aussi affectés, mais plus particulièrement Colin et Nicolas, qui vivent auprès d'elle. Le comportement de Colin change beaucoup. Il y a d'une part, son apparence négligée et d'autre part, sa perte d'envie de vivre malgré son épicurisme. Il y a aussi Nicolas, qui laisse paraître un vieillissement soudain : « Tu as vieilli de dix ans depuis huit jours. — De sept ans, rectifia Nicolas. » Le thème de la maladie apparaît pour la toute première fois au XXIIe chapitre, soit à la fin de la cérémonie de mariage de Colin et Chloé. Le signe initial de la maladie est la toux subite qui surprend Chloé à sa sortie de l'église. Ensuite, lors de la nuit de noces, le second signe est la neige qui se loge directement sur sa poitrine. Cette nuit passée, Chloé porte maintenant la maladie, le nénuphar. L'eau représente un symbole important, par le biais du nénuphar : celui-ci pousse dans l'eau, il a donc besoin de l'eau pour vivre. Par conséquent, Chloé ne doit absolument pas boire d'eau, car cela permettrait au nénuphar de grandir. De plus, elle doit toujours être entourée de fleurs non aquatiques pour combattre son mal : « Il dit aussi qu'il faut tout le temps mettre des fleurs autour d'elle, ajouta Colin, pour faire peur à l'autre… ». Vian a voulu inverser la symbolique de l'eau, qui représente la vie. Pour Chloé, l'eau est synonyme de tristesse et de mort.
L'espace : L'espace est un élément malléable de l'univers dans lequel évoluent les personnages, mais il est également dépendant d'eux. Ainsi lorsque Chloé, malade, et Colin se retrouvent ensemble dans leur chambre, les coins de la chambre s'estompent, comme pour matérialiser leur sentiment d'être dans un « cocon » réconfortant.

L'ECUME DES JOURS : LE FILM
  • Réalisation : Michel Gondry
  • Scénario : Luc Bossi, d'après L'Écume des jours de Boris Vian
  • Musique : Étienne Charry
  • Photographie : Christophe Beaucarne
  • Montage : Marie-Charlotte Moreau
  • Décors : Stéphane Rosenbaum
  • Costumes : Florence Fontaine
  • Direction artistique :
  • Production : Luc Bossi
Production déléguée : Geneviève Lemal
Producteur associé : Julien Seul
  • Sociétés de production : Brio Films, SCOPE Invest, Scope Pictures
  • Distribution : Drapeau de la France Studio Canal
  • Budget : 19 000 000 €
  • Genre : comédie dramatique
  • Durée : 2h05min
  • Pays d'origine : France
  • Format : 1.85:1
  • Date de sortie : Drapeau de la France Drapeau de la Suisse Drapeau de la Belgique 24 avril 2013

Romain Duris : Colin

Audrey Tautou : Chloé

Gad Elmaleh: Chick

Omar Sy : Nicolas

Aïssa Maïga : Alise

Charlotte Le Bon : Isis de Ponteauzanne

Sacha Bourdo : la souris

Philippe Torreton : Jean-Sol Partre




vendredi 14 juin 2013

DIEUX DES KOUCHANS

Les Kouchans (Kusana) sont un peuple indo-européen, fraction des Yuezhi, qui créa un empire centré autour du Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Inde du nord. Celui-ci prospéra entre le ier siècle et le iiie siècle de l'ère chrétienne.
Le nom de Kouchan dérive du chinois Guishuang (貴霜) qui décrivait l'une des cinq tribus des Yuezhi (月氏), une confédération peu structurée de peuples indo-européens
Le souverain kouchan le plus connu est Kanishka Ier, qui régna de 127 à 150 environ et favorisa l’expansion du bouddhisme et, en conséquence, de l'art gréco-bouddhique. 
Le panthéon kouchan est marqué par le syncrétisme et l'adoption de divinités étrangères : grecques, zoroastriennes ou hindouistes.

Nom kouchan
Equivalent
Fonction
Erakilo
Héraclès
Dieu de la force
Oanindo
Nike
La Victoire
Mioro
Hélios
Le Soleil
Skando
Skanda
Dieu de la guerre
Komaro
Kumara
Dieu de la jeunesse
Maaseno
Mahasena
Chef de l’armée des dieux
Bizago
Visakha
Dieu de la valeur guerrière
Ommo
Uma
Déesse de la prospérité
Saoreoro
Xshatra Vairya/Shahrivar
Dieu de la royauté
Asaeixso
Asha Vahishta
Dieu de l’ordre
ΑΡΔΟΧϷΟ Ardoxsho
Ashi Vanghuhi

La Fortune
ΛΡΟΟΑΣΠΟ Lrooaspo
Drvaspa
Protecteur des chevaux
ΑΘϷΟ Adsho
Atar
Dieu du feu
ΦΑΡΡΟ Pharro
Xwarenah
La Gloire déifiée
MAO Mao
Mah
Déesse de la lune
ΜΙΘΡΟ, ΜΙΙΡΟ, ΜΙΟΡΟ, ΜΙΥΡΟ Mioro
Mithra
Dieu médiateur
ΝΑΝΑ, ΝΑΝΑΙΑ, ΝΑΝΑϷΑΟ Nana
Nana
Déesse de la fécondité
ΜΟΖΔΟΟΑΝΟ Mozdaooano
Ahura Mazda
Dieu victorieux
ΜΑΝΑΟΒΑΓΟ Manaobago
Vohu Manah
La Bonne Pensée
ΟΑΔΟ Oado
Vata
Dieu du vent
ΟΡΑΛΑΓΝΟ Orlagno
Verethragna
Dieu de la guerre
ϷΑΚΑΜΑΝΟ ΒΟΔΔΟ
Shakamano boddho
Shakyamuni
Bouddha historique
ΜΕΤΡΑΓΟ ΒΟΔΔΟ
Metrago boddo
Maitreya
Bouddha du futur
Sarapo
Sérapis
Dieu guérisseur
Yamso
Yama
Dieu des morts
Rishti
Athéna
Déesse guerrière
Oesho
Shiva
Dieu destructeur
Oaxsho

Dieu de l’Oxus
Ooromozdo
Ahura Mazda
Dieu suprême
Teiro
Tir
Scribe divin
Ahu budano
« seigneur des créatures »
Epithète de Mithra
Ηλιος
Hélios
L’Astre solaire
Ηφαηστος
Héphaïstos
Dieu des forgerons
Σαληνη
Séléné
Déesse de la lune
Ανημος
Anemos
Dieu du vent


jeudi 13 juin 2013

La Vigne des Morts sur le col des dieux décharnés - Akiyuki Nosaka

 « La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés » a pour cadre la mine de charbon Kazura, perdue dans la montagne. La nouvelle dresse à sa manière pour le moins originale un pertinent tableau de l’histoire du Japon au XXe siècle. Takao, la fille du propriétaire Sakuzô Kazura, nous est présentée sous les traits d’une adorable petite fille prise de passion pour les jolies fleurs de la vigne qui pousse dans le cimetière où l’on enterre à la hâte les mineurs décédés par accident (ce qui arrive fréquemment) et les bébés victimes d’une mortalité infantile très élevée. Dans une extraordinaire parabole sur la fin de la civilisation, un inceste entre une fille et son frère se prolonge avec leur père, puis gagne tout un village affamé, condamné à payer son tribut de nouveau-né à la vigne nourricière. Dans un village minier du Japon, une jeune fille a une admiration sans borne pour les fleurs qui poussent sur les vignes du cimetière. Très vite, elle comprend que cette vigne se nourrit de la chair et du sang des morts. Avec son frère, elle va donc tenter un acte désespéré pour donner naissance à d'autres fleurs: ces derniers s'accouplent dans le cimetière et le frère se donne la mort par amour pour sa soeur. Une magnifique fleur éclôt sur sa tombe...Là est le premier scandale... De plus en plus fascinée par cette fleur, la jeune femme sombre dans la folie et force le village entier à s'accoupler dans le cimetière pour ensuite sacrifier les nouveaux nés sur les tombes...Un magnifique jardin naît.

Extrait : « Takao transporta jusqu’au cimetière tous ces morts aux plaies grandes ouvertes, grouillantes de vers, et au fur et à mesure qu’elle poussait les bennes, les intestins débordaient comme des ficelles qui se déroulent, des fourmis de montagne grosses comme des haricots restaient collées dans les cervelles. Des nuées d’oiseaux chantaient à la cime des arbres. Au cimetière les vignes des morts en pleine floraison accueillaient les dépouilles, agitant doucement leurs feuilles dans le vent frais du crépuscule, déjà annonciateur d’automne. Au milieu se tenait Takao — le col et les manches de son kimono couverts de vers et d’insectes qui s’étaient faufilés jusque-là pendant le transport des cadavres —, couverte de sang et de sueur, mais son visage ne trahissait pas la fatigue, pas plus que sa fille, Satsuki, ne semblait le moins du monde effrayée. »


« La Petite Marchande d’allumettes »  est une variation érotique sur le conte d’Andersen.


La petite Oyasu expose son corps déjà ravagé, proposant à ses clients d’entrevoir son sexe à la lueur d’une allumette pour une somme dérisoire. Mais, derrière ce prétexte, c’est la vie d’Oyasu que nous raconte Akiyuki Nosaka ; la petite fille très tôt livrée à la passion d’adultes, l’amant de sa mère et son beau-père en premier lieu… Elle sombreans la prostitution, mais sans vraiment en ressentir de gêne : c’est qu’Oyasu est en quête de son père, qu’elle n’a jamais connu, et multiplie les incestes symboliques, criant « Papa ! Papa ! » quand des hommes mûrs lui font l’amour… 


La tombe des lucioles - Akiyuki Nosaka



La Tombe des lucioles (Hotaru no haka) est un récit en grande partie autobiographique.

Deux gosses (un grand frère et sa petite soeur) tentent de survivre pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans les bombardements américains, sans leur mère décédée. L'auteur se garde bien de donner un quelconque espoir au lecteur : le texte commence par la mort du grand frère, une sorte de double de l'auteur (mort expiatrice ? la question "pourquoi elle et pas moi ?"). "...Mais déjà la faim n'était plus, la soif n'était plus, la tête pendait lourdement sur la poitrine, "Pouah, c'est dégueulasse", "Pt'êt ben qu'il est mort", "Quelle honte, laisser traîner ça dans la gare alors que les Américains peuvent arriver d'une minute à l'autre", ses oreilles qui seules tenaient encore à la vie pouvaient distinguer toute une variété de bruits, la nuit, quand tout retournait subitement au silence [...]" (pages 24-25). Quelques passages - mais peu - poétiques, et des pages très dures, notamment celles qui décrivent comment la soeur se transforme en squelette vivant.

Dans ce livre, l’auteur nous fait vivre l’effroyable bombardement que connut Kobe en 1945 sous les traits de deux enfants : Seita ( un jeune garçon de 14 ans) et sa petite sœur Setsuko. Les deux enfants se retrouvent complètement perdus dans un Kobe dévasté par la guerre, et la mère n’étant plus qu’un amas de chair calcinée, Seita se voit dans l’obligation de subvenir aux besoins de sa petite sœur. Mais vivre dans un monde qui n‘a plus de lois, un monde dans lequel seuls les plus résistants peuvent encore espérer s’en sortir n’est pas un monde pour les enfants ; les enfants ont besoin de rêves et de jeux, et c’est ce que tentera Seita : Faire vivre à sa petite sœur la vie qui aurait dû être celle d’une petite fille.


Dans Les Algues d'Amérique (Amerika hijiki), récit ancré dans son époque, Toshio, le narrateur (si l'on peut dire, car le texte oscille entre la première et la troisième personne), dirige une entreprise de production de films publicitaires télévisés. Au cours de vacances à Hawaï, sa femme fait la connaissance d'un couple d'Américains, qui s'invitent chez eux... Alors que, préparant leur arrivée, la femme sombre dans une américanophilie exacerbée, Toshio revit par flash-back ses souvenirs de fin de guerre et d'occupation américaine, ce qui donne lieu à des anecdotes sur les spécificités américaines (les algues sont en fait du thé noir) vues par les Japonais. Puis le couple d'Américains arrive, et cela ne se passe pas du tout comme prévu...


Akiyuki Nosaka (野坂 昭如)

Né le 10 octobre 1930, romancier, chanteur et parolier, ancien membre de la chambre des conseillers. Il perdit son père durant la Seconde guerre mondiale et sa sœur fut victime de malnutrition. Il est aussi connu sous les noms de Yukio Aki ou de Claude Nosaka.

·                     Œuvres littéraires 

  ·    1967 La Tombe des lucioles 火垂るの墓Hotaru no haka, nouvelle qui a inspiré le film d'animation Le Tombeau des lucioles de Isao Takahata (studios Ghibli)

·         Les Algues d'Amérique アメリカひじきAmerika hijiki

·         1963 Les Pornographes  エロ事師たち Erogotoshi-tachi

·         1967 La Vigne des morts sur le col des dieux décharnés 骨餓身峠死人葛 Honegami Toge Hotoke-Kazura

·         1967 Les Embaumeurs  とむらい師たち

·         1969 La petite marchande d’allumettes Macchi-uri no shojo

·         1945 Contes de guerre

·         1968 Le Moine-cigale 色法師


·         1971 Le Dessin au sable 砂絵呪縛後日怪談